Marine MARTIN
Corentin MORA
Mary PETIOT
Les usages inattendus de la moutarde
La moutarde est connue a travers les âges pour ses valeurs médicinales, condimentaires et gustatives mais les scientifiques ont proposé d’autres usages de cette plante appartenant à la famille des crucifères qui produit des composés appartenant à la famille des glucosinolates (GLS) tels que la sinigrine qui donne le piquant de la moutarde. Ces composés présentent la particularité d’être biologiquement actifs lorsqu’ils sont transformés en isothiocyanates (ITC). Ainsi sur la base de ces caractéristiques les scientifiques ont proposés les usages suivant de la moutarde !
1- Prélèvement d’organismes ingénieur du sol : les vers de terre
L’abondance et la diversité des vers de terre sont des indicateurs de la qualité biologique des sols. Pour évaluer la qualité des sols, il faut donc être capable de prélever des vers de terre. Pour réaliser les prélèvements les scientifiques arrosent des carrés d’un m2 de sol avec une solution de moutarde préparée avec 300 g de moutarde AMORA fine et forte diluée dans 10 L d’eau (Figure A) ! Les vers de terre n’appréciant pas le piquant de la moutarde remontent à la surface du sol. Les scientifiques les prélèvent alors pour les dénombrer (abondance) mais également pour les identifier (diversité). La moutarde aide les scientifiques à étudier la qualité des sols !
Figure A. Protocole de prélèvement des lombriciens (Pr D Cluzeau, Université Rennes I)
2- Protection des cultures : utilisation de l’allélopathie
Les crucifères dont la moutarde produisent des GLS qui sont transformés en ITC au cours de la décomposition de plante de moutarde. L’ITC est un composé biologiquement actif permettant de lutter contre des microorganismes pathogènes du sol ou contre des insectes ravageurs et expliquant l’effet allélopathique des cultures de crucifères. Ainsi, sur la base de ces connaissances, les scientifiques ont proposé d’utiliser cette propriété pour diminuer le recours aux pesticides et mettre en place des systèmes de culture durables. Les études du CETIOM ont montré que le colza, la moutarde blanche ou la moutarde brune permettaient de lutter contre la pourriture molle du pois (due au champignon du sol Aphanomyces eutiches) et contre le piétin échaudage du blé (due au champignon du sol Gaeumannomyce sgraminis). La culture de crucifères permet de diminuer la quantité de pesticides utilisée par les agriculteurs !
3- Protection de l’environnement : piège à nitrates
L’un des problèmes posés par l’agriculture moderne est la pollution de l’environnement (ressources en eau) par des résidus de pesticides et d’engrais (nitrates). Pour lutter contre les pertes de nitrates pendant les intercultures hivernales, les scientifiques ont proposé d’intercaler une culture de moutarde blanche, qui est une plante à croissance rapide, afin de piéger les nitrates et d’éviter qu’ils ne contaminent les ressources en eaux (limite réglementaire des nitrates dans l’eau 50 mg/L). Suite à la proposition des scientifiques, la mise en place de culture intermédiaire piège à nitrates (CIPAN) est devenue obligatoire dans certains régions pour lutter contre la pollution de l’eau avec les nitrates. La culture de moutarde contribue donc à protéger l’environnement des impacts négatifs de l’agriculture !