Marine MARTIN
Corentin MORA
Mary PETIOT
La culture de la moutarde en Bourgogne est une tradition depuis que les ambassadeurs de Ducs de Bourgogne au XII et XIII siècles ont fait connaître la moutarde en France. A partir de cette époque, les moutardiers se développent en Bourgogne ainsi que la culture de la moutarde. A cette époque, l’Auxois et le Morvan étaient couverts de forêts dont l’exploitation servait à alimenter en bois de chauffe les grandes villes environnantes. On comptait de nombreux charbonniers dans ces régions qui cultivaient la graine de moutarde dans les clairières à charbon, les ‘fauldes’ qui étaient enrichies en potasse, favorisant la croissance des plantes de moutarde. A la maturité des graines, des rabatteurs passaient et achetaient aux charbonniers les graines pour les revendre aux moutardiers de la région dijonnaise. Jusqu’à la fin du XVIII siècle cette culture traditionnelle de la moutarde a suffi à alimenter les fabriques bourguignonnes de moutarde.
Toutefois, avec la révolution industrielle, la désaffection du charbon de bois au profit d’autres combustibles (charbon de houille, électricité,…) pour l’industrie entraîna la disparition des charbonniers, et avec eux la culture de la moutarde sur les fauldes. Les fabricants de moutarde durent donc trouver d’autres producteurs localisés dans différentes régions de France (Marne, Somme, Seine-et-Oise, Loiret et Indre). Cette tendance devait s’amplifier après la seconde guerre mondiale, période durant laquelle les moutardiers s’étaient engagés dans le développement industriel de la production de moutarde. Ce développement industriel devait s’accompagner d’un approvisionnement en plus grandes quantités de graines de moutarde.
Cependant à l’issue de la seconde guerre mondiale, la France en pleine reconstruction fit le choix de cultiver des céréales et des oléagineux afin d’atteindre l’autosuffisance pour la production de farines et d’huiles. Ce choix fut accompagné d’un soutien économique accordé aux agriculteurs par la communauté européenne pour encourager la mise en place de ces productions agricoles. Dans ce contexte, la culture de la moutarde non-subventionnée était moins rentable et les agriculteurs la délaissèrent au profit des la culture du colza et du tournesol. La conséquence de cette politique est qu’aujourd’hui, en France, selon les données du Ministère de l’Agriculture, la production d’oléagineux est dominée par la culture du colza et du tournesol (tableau 1). Ces deux cultures occupent à elles deux 2,2 millions d’hectares de la surface agricole françaises, la moutarde n’apparaissant pas dans les statistiques étant certainement comprise dans la rubrique ‘autres oléagineux’.
Ainsi les producteurs de moutarde durent trouver de nouvelles sources d’approvisionnement en graines de moutarde pour assurer la pérennité de leur activité. Ils se tournèrent donc vers les pays d’Amérique du Nord qui cultivent la moutarde
Le Canada est un pays immense qui possède une grande superficie de terres fertiles. Bien que le climat du Canada soit rude, ce pays connaît un printemps et un été cléments, notamment sur la façade est et dans la région des grands lacs. De ce fait, les conditions pédoclimatiques trouvées au Canada sont idéales pour implanter la moutarde comme une culture de printemps. Les agriculteurs canadiens se sont donc intéressés à cette culture facile à mettre en œuvre et rentable. Selon la FAO (Food and Agricultural Organization), le Canada est le leader mondial de la production de graines de moutarde.
Ainsi en 2004, le Canada produisait 281 000 tonnes de graines de moutarde représentant 37% de la production mondiale. Des données plus récentes publiées par le Agriculture et Agroalimentaire Canada (http://www.agr.gc.ca) indiquent qu’en 2007 les agriculteurs canadiens avaient planté 176 000 hectares avec des cultures de moutarde, produit 114 000 tonnes de graines de moutarde et généré 71 240 000 $ canadiens de recettes monétaires agricoles. La plus grande partie de cette production est consacrée à la production d’huile végétale.
Pour ces différentes raisons, les moutardiers bourguignons se sont donc tournés vers le leader mondial de la production de graines de moutarde afin d’assurer leur approvisionnement en matières premières. Pour les industriels bourguignons, les principaux avantages de ce choix sont la sûreté de l’approvisionnement en graines de moutarde et le prix à la tonne de la graine de moutarde.
Quels sont les avantages du Canada?
Raisons de la délocalisation
Délocalisation de la production de graines de moutarde
